du miel sur le toit d'un hotel de Toronto

Publié le par Lioussas

Tiré du Courrier International - 29/10/09

Certains jours de la semaine, Mélanie Coates troque ses talons aiguilles d’attachée de presse de l’hôtel Royal York, à Toronto, pour enfiler sa coiffe métallique d’apicultrice afin d’aller rendre visite à des milliers de petites butineuses. Pas besoin d’aller très loin. Au plus fort de l’été, près de 100 000 abeilles bourdonnent parmi les gratte-ciel, sur le toit du Royal York.

Depuis l’an dernier, l’hôtel, qui porte sur son toit un vaste jardin d’herbes et un petit potager, a décidé de se convertir aux joies de l’apiculture urbaine. “Notre chef voyait des tonnes d’insectes et d’abeilles butiner ses plantes, même en plein centre-ville. Il s’est dit : pourquoi ne pas avoir nos propres ruches et produire notre propre miel ?” raconte Mélanie Coates.

Ces abeilles urbaines, qui vont butiner jusque dans les îles de Toronto, sur les penthouses et dans les parcs environnants, ont produit pas moins de 160 kilos de miel à la fin de l’été dernier. Cette année, on ­en prévoit 450 kilos. De quoi répondre à 70 % des besoins annuels en miel des cuisines du Royal York. Appelé rooftop honey, ce “miel de béton”, qui a remporté quelques prix, est maintenant servi avec une assiette de fromages aux clients de l’hôtel.

Pour veiller à l’essor de la petite colonie, l’attachée de presse est devenue membre de la coopérative des api­culteurs du Grand Toronto, où elle peaufine ses connaissances sur les insectes mellifères. La chaîne d’hôtels Fairmount est à ce point ravie de l’expérience que des ruches ont été installées cet été sur les toits de ses hôtels à Halifax, à Vancouver, et que l’on projette d’en faire autant au Château Frontenac, à Québec. Bannis de la plupart des villes par des ­règlements municipaux, les ruchers urbains effectuent pourtant un retour en force, notamment aux Etats-Unis, où de nombreux citoyens tentent de faire changer les lois. Décimée par les insecticides, les virus et la culture de plantes génétiquement ­modifiées, la population des ruchers d’abeilles sauvages et domestiques connaît une forte décroissance. ­L’élevage d’abeilles urbaines est perçu comme une façon de lutter contre la disparition de ces petites bêtes, tout en produisant un miel local.

De la côte Est à la côte Ouest, les pressions se multiplient, de telle sorte que l’apiculture “de terrasse” vient d’être légalisée à Denver, dans le Colorado, tandis que New York envisage d’autoriser les ruchers sur les toits de Manhattan. Idem pour les poules, que de plus en plus de citadins aimeraient voir picorer dans leur arrière-cour. Plusieurs élèvent déjà des poulettes en cachette, histoire de pouvoir récolter des œufs frais. A Vancouver, à Owend Sound et à Toronto, les autorités municipales se penchent sur la question, tandis qu’à Niagara, à Guelph, à Brampton et à Victoria, les volailles urbaines ne sont plus hors la loi.
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